Maubeuge: y vivre ou pas ?
Il y a quelque temps, je regardais l'émission de Pierre Lescure : " Graffitis 80 ".
Dans celle-ci on nous repasse la chanson de Pierre Bachelet : " Les Corons ".
Très belle chanson, certes, mais qui en aucun cas ne redore le blason du Nord... Bon, puisque c'était à la mode... Mais là où mon sang n'a fait qu'un tour, c'est que l'extrait de l'émission de variétés proposé était illustré par des images de maisons en état de délabrement avancé et ornées de panneaux " à vendre ", avec en plan de coupe une queue d'une quarantaine de personnes en train de pointer à l'ANPE. Déjà, un misérabilisme de très mauvais goût, mais qui me le rendait encore plus insupportable quand je me suis rendu compte que ces images avaient été tournées à... Maubeuge... ! Doublement agaçant dans la mesure où il n'y a jamais eu un seul mineur de fond Maubeuge dans toute son histoire... (Cette ville n'étant pas dans un pays minier...)
Grâce à Dieu, entre-temps il y a eu le " Bienvenue chez les ch'tis " qui heureusement a eu le grand mérite de " remettre les pendules à l'heure ".
Exagéré, ont dit certains...
Certes, mais l'illustration des " Corons " dont il vient d'être question, n'est pas sans rappeler le passage du film qui se situe dans le " pseudo Bergues " (pour les rares (!) qui n'auraient pas vu le film : mise en scène d'un Nord sordide afin d'impressionner Julie (Zoé Félix), épouse du héros Philippe Abrams (Kad Mérad)). De même, la phrase culte " c'est le Nôôôôôôrd ", m'a immanquablement fait penser à toutes les réflexions que j'ai déjà entendues dans ma vie lorsque je donnais mon origine : " mais vous n'avez pas trop froid là-bas dans le nord (sic) "...
Aujourd'hui, je suis certain que malgré ce succès du box-office, les clichés sur ma région est ma ville continueront d'avoir la vie longue...
Dès lors, que répondre à ceux qui se posent la question : " Que vais-je trouver à Maubeuge ? ", ou carrément : " Pourquoi ne pas aller vivre à Maubeuge ? "...
J'espère que les quelques lignes qui vont suivre vont vous aider à vous forger une opinion, ou, mieux vont vous faire changer d'avis, si vous en aviez une image négative...
Mais attention ! Même si cela va en chagriner plus d'un, n'attendez pas de lire un hommage dithyrambique sur ma ville... J'ai à cœur de vous la présenter telle qu'elle est, avec ses bons côtés, mais également ses points négatifs...
Quelques mots d'histoire à vitesse supersonique.
Mon but n'étant pas de faire ici un site consacré complètement à Maubeuge, je ne reprendrai que très très brièvement les éléments constitutifs de son histoire.
Celle-ci, vous la trouverez plus complètement sur le site officiel de la ville de Maubeuge :
www.ville-maubeuge.fr
Pour en revenir à mon propos, la légende veut que Maubeuge ait été fondée en 661 par Sainte Aldegonde, qui fuyant ses parents, seigneurs de Cousolre, seigneurie distante d'une dizaine de kilomètres, créa un ermitage sur les bords de la Sambre. À noter que sa sœur, prénommée Waudru, a elle, fondé la ville de Mons située à une quinzaine de kilomètres.
L'endroit où elle installa son ermitage s'appelait alors Malboden, nom dont l'origine reste assez obscure, mais qui pourrait signifier " lieu de rencontre, assemblée " en langage Franc. Le nom a été latinisé en Malbodium.
Pour la suite, vous lirez sur le site officiel de la ville de Maubeuge, toutes les vicissitudes que cette cité aura à subir au cours des siècles qui vont suivre. Juste une petite précision qui me semble absente de ces informations : pendant le Moyen Âge c'est le commerce du drap qui fera la renommée de cette ville.
À partir du XVIe siècle elle dépend des Pays-Bas espagnols, et au bout de nombreux épisodes, elle est définitivement rattachée à la France par Louis XIV en 1678 par le traité de Nimègue.
Elle fait partie des villes de la frontière du Nord fortifiés par Sébastien le Prestre, marquis de Vauban (voir plus bas)
Bien qu'elle ne soit pas directement concernée, elle va cependant être impliquée, en raison de sa position géographique dans les futurs conflits qui vont suivre. Entre autres faits marquants :
- la bataille de Malplaquet, à 6 km. (11 septembre 1709)
- la bataille de Wattignies, à 10 km. (16 octobre 1793, où Jourdan assisté de Carnot repoussa les Autrichiens du prince Frédéric de Saxe-Cobourg.).
Ici encore, vous trouverez sans peine sur d'autres sites l'histoire de Maubeuge au travers de la révolution française. Cependant je ne résiste pas à rapporter une anecdote peu connue dans l'histoire de Maubeuge.
Le 9 thermidor de l'an II (27 juillet 1794) marque la chute de Robespierre. Réfugié dans les locaux de la Commune de Paris, il sera arrêté au cours d'une arrestation mouvementée où le gendarme Merda lui fracasse la mâchoire d'un coup de pistolet. Quelques mois après ce gendarme sera nommé à Maubeuge, en attendant de faire une carrière militaire sous l'empire, en ayant changé son nom en Méda...
Au cours du XIXe siècle, Maubeuge poursuivra une économie basée sur la sidérurgie et la métallurgie commencée au milieu du XVIIIe siècle avec la fabrication d'armes. C'est ainsi que naîtront les quartiers de Sous-le-Bois et Montplaisir où s'installeront de très grandes entreprises de ce secteur.
Au point de vue militaire, Maubeuge, grâce à ses fortifications continuera d'avoir une importance stratégique sur la frontière. Ceci lui vaudra en 1914 de subir un bombardement intensif qui détruira une partie de la ville, et de ses remparts. Bien qu'ayant résisté héroïquement, en 1919, son défenseur le Général Fournier, sera inquiété par les hautes autorités militaires et accusé d'abandon prématuré. Celui-ci sera finalement acquitté grâce en particulier au témoignage du Maréchal Joffre.
En 1918, la ville aura à subir d'autres destructions dues à la fuite des Allemands et au siège de la ville.
À partir de maintenant, je vais être plus précis dans l'histoire de Maubeuge, car celle-ci revêt une importance pour la suite de mon propos.
Après la " délivrance " de Maubeuge, le 9 novembre 1918, Maubeuge va continuer son expansion économique et géographique.
Cette période d'entre deux guerres va voir le renforcement des activités traditionnelles de la sidérurgie et de la métallurgie (usines à tubes, constructions mécaniques, etc.). Malgré la crise des années 30, Maubeuge deviendra une cité prospère où il fait bon vivre. Le commerce local est florissant, et la vie sociale intense (associations philanthropiques, cercles musicaux, etc.).
Ceci d'autant plus que Maubeuge est toujours ville de garnison. Elle accueille entre autres un régiment de blindés. Maubeuge et ses alentours font naturellement partie du dispositif de la ligne Maginot.
Sur le plan géographique et urbanistique, la destruction des remparts en 1914 a au moins eu comme effet positif de désenclaver la ville qui s'étend maintenant vers d'autres quartiers.
De par sa position géographique et militaire, la ville de Maubeuge attend donc " l'arme au pied " l'ennemi à partir du 1er septembre 1939...
Chacun aura retenu de l'histoire qu'entre le 1er mai et le 18 juin 1940, rien n'arrêtera la progression des troupes allemandes...
Heureusement 70 ans après, on commence enfin à reconnaître que cette Campagne de France 1940 n'a pas été que la vaste " débandade " que l'on veut bien décrire. Indépendamment de mon propos, je me permets de rappeler que cette bataille a quand même fait 100 000 morts...
Or, même si naturellement, elle n'a pas arrêté l'invasion, la résistance de Maubeuge a été tout à fait remarquable (voir bibliographie en fin de page). D'ailleurs, pour s'en convaincre, il suffit de regarder les quelques cartes animées qui ont déjà été faites sur l'invasion allemande pour constater que la ligne de front a été immobile deux ou trois jours aux portes de Maubeuge.
Ceci aura deux conséquences :
- un bombardement intensif de Maubeuge les 16 & 17 mai 1940 (curieusement limité au centre-ville. Paradoxalement, les quartiers de Sous-le-Bois et Montplaisir seront épargnés. L'explication en est toute simple : dès le mois de mai 1939 - 4 mois avant la déclaration de guerre ! -, des avions de reconnaissance de la Luftwaffe avaient déjà photographié les installations industrielles de ces quartiers. Naturellement, l'état-major allemand n'avait aucun intérêt à les détruire, de façon à ce qu'elles tombent intactes entre leurs mains...)
- un désir de " vengeance " de la part des troupes allemandes face à cette résistance (qui aurait été "attisé" par la présence de francs-tireurs).
C'est ce qui explique que le 19 mai les troupes de la Wehrmacht (28e Division d'Infanterie) détruisent à coups de grenades incendiaires ce qui avait été épargné par le bombardement...
Ci-dessous, deux liens qui vous permettront de voir des images de ces tragiques événements.
Le premier est la version « originale » issue des services de propagande de la Wehrmacht.
Sur le second,le commentaire en allemand a été remplacé par de la musique et les images du service de propagande de la Luftwaffe cette fois-ci ont été ajoutée en début.
https://www.youtube.com/watch?v=3hg9T-0EVxs
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=bqtqYJ18nO0
Au soir du 19 mai, le centre-ville de Maubeuge est rasé à 90 %...
En cliquant sur la photo ci-contre vous pourrez ouvrir la page consacrée à une brève présentation de ces dégâts, et de ce qui a pu subsister après cet épisode tragique. ==>
Je pense qu'il est inutile de dire que l'occupation allemande, déjà bien pénible dans une ville intacte, a été d'autant plus dure à Maubeuge qu'il a fallu s'accommoder de baraquements provisoires et de pis-aller...
Un peu plus de quatre ans plus tard, le 2 septembre 1944, les troupes américaines du Général Rose libèrent Maubeuge.
Le premier maire élu après la libération est le docteur Pierre Forest. Il s'agit d'un ancien premier adjoint du maire SFIO d'avant-guerre, Maurice Deudon.
C'est à lui qu'échoit la lourde tâche de mener à bien la reconstruction de la ville. Celle-ci sera supervisée conjointement par le célèbre architecte André Lurçat, proche du non moins célèbre Le Corbusier, nommé par le ministère de la construction, et par un architecte local Henri Lafitte. Elle s'achèvera officiellement en 1970 avec la construction de la nouvelle mairie.
Paradoxalement, cette date marque le début du déclin économique de Maubeuge…
Un peu avant la fin de son cinquième mandat, en 1976, Pierre Forest annonce son intention de se retirer de la vie politique locale. Il présente alors son successeur choisi par le PS, et qu'il présentera comme son " héritier spirituel ", plus familièrement, et en utilisant la langue locale comme son " fieu " : un certain Pierre Bérégovoy. Celui-ci est accueilli à bras ouverts, fait l'objet de nombreuses " embrassades ", est l'invité de moult réunions...
Hélas, hélas !!! Quelques mois avant l'échéance électorale, changement de ton. Sans doute effrayé à l'idée de quitter " sa chère mairie ", Pierre Forest annonce son intention de se représenter. Exclu du PS, il composera sa liste avec des personnalités ou des membres de partis de centre-droit. Dès lors, se déchaînera contre Pierre Bérégovoy une campagne de calomnies (déjà !) où bien évidemment le mot " parachuté " se taille la part du lion...
Il sera bien évidemment battu, et six ans plus tard se présentera à la mairie de Nevers où, largement élu, jusqu'à son tragique décès fera profiter les Nivernais de ses largesses de ministre et de premier ministre.
Ceci pour expliquer que les Maubeugeoises et Maubeugeois, qui aujourd'hui ont tendance à la lamentation, ont perdu là une sacrée opportunité...
Pierre Forest terminera son sixième mandat, et décédera en 1984 au début de son septième...
Viennent ensuite: 1989, Alain Carpentier(PS); 1995, Jean-Claude Decagny (UDF) ; 2001 & 2008, Rémi Pauvros (PS) ; 2014, Arnaud Decagny (UDI).
POURQUOI FAUT-IL VENIR À MAUBEUGE ?
Une ville à la campagne...
Contrairement aux fantasmes des réalisateurs de l'émission de variétés des années 80, Maubeuge n'est nullement une ville minière. Inversement à certaines de ses voisines du valenciennois ou du Pas-de-Calais, elle est située au milieu d'une contrée très verdoyante : l'Avesnois. Elle-même faisant partie d'une région à cheval sur le Nord et l'Aisne : la Thiérache, pays de bocage et d'élevage.
Quelques kilomètres suffisent en sortant de Maubeuge pour profiter des bienfaits de la campagne. Je citerai à cette occasion le magnifique parc de loisirs du Val Joly : http://www.valjoly.com/. Vous le voyez, rien à voir avec les terrils et les puits de mine !
Une ville verte
Dans son ensemble, le centre-ville est en effet assez vert. À ce, une explication : la présence des fortifications de Monsieur Vauban. En effet, la petite moitié qui a échappé aux diverses destructions ou démantèlement permet grâce à ses fossés et ses remparts d'introduire les espaces verts jusqu'au cœur de la ville. Les photos ci-contre tiendront lieu d'explication...
De plus, ce que j'appellerai " un coup de génie " de l'ancien maire Pierre Forest a été d'en utiliser une partie pour y implanter un jardin zoologique. En 1955, sous la dénomination de <<roseraie et de jardin zoologique>>, quelques animaux viennent peupler une petite partie de ces remparts. Peu après, sous l'impulsion de l'association " les amis du zoo ", ce jardin zoologique finira par occuper plus de 7 ha au centre-ville. Pour financer un tel projet, cette association crée la fameuse : " kermesse de la bière "... Ce zoo obtiendra même la troisième place au palmarès des zoos français.
Hélas, à partir de 1970, avec la crise, cet espace touristique va péricliter. Ce n'est qu'à partir du début des années 2000 qu'une vaste entreprise de réhabilitation est menée. Ces dernières années, celui-ci va de nouveau devenir un centre d'attrait touristique important.
Signe (et non cygne !...) qui ne trompe pas: le site qui lui est consacré, est à mon avis un des meilleurs que j'ai jamais rencontrés : http://www.zoodemaubeuge.fr/
Pour en revenir aux fortifications, je me dois de citer le magnifique travail qui était mené depuis des années par l'association : " Renaissance Vauban " qui sous l'impulsion de son président Jean-Claude Decamps, participe depuis des années à la conservation de ce patrimoine. Il est cependant dommage que notre ville n'ait pas été retenue pour faire partie des sites fortifiés par Vauban et qui vont faire leur entrée dans le patrimoine mondial de l'Unesco. Situation d'autant plus navrante, que la qualité du site n'est pas en question, mais que le refus trouverait en partie son origine dans une sombre histoire de dossiers et de conflits de personnes...
Mais concernant les remparts, le pire aurait pu survenir.
Si jusqu'à présent, grâce à la gestion des maires précédents, Maubeuge avait trouvé un équilibre entre la partie « zoo » des fortifications, et celle qui était restée « publique », la municipalité sortante, lors de sa seconde mandature s'était focalisée sur un projet très inquiétant, et très avancé de confiscation de cette dernière portion pour y réaliser une extension « monstrueuse » du parc zoologique avec des constructions qui promettaient d'être aussi hideuses les unes que les autres, et sans que les infrastructures suivent, en particulier les parkings.
Le coût de ce projet pharaonique était estimé à une centaine de millions d'euros, pour lequel aucun financement privé n'avait été trouvé.
Ceci a été au cœur de la campagne électorale pour les municipales de 2014. Deux des listes d'opposition s'étaient engagées à arrêter le projet en cas d'élection. Ceci était le cas de la liste conduite par M. Arnaud Decagny. Espérons que les bonnes nouvelles suivront bientôt…
Remparts: entrée nord <<le pont dormant>>
(il s'agit ici de la partie que la l'ancienne municipalité maubeugeoise souhaitait annexer…)
Au niveau de la qualité environnementale, n'oublions pas également de mentionner la rivière qui traverse Maubeuge, la Sambre. Même si celle-ci lors de sa traversée de la ville a été canalisée, il n'en reste pas moins qu'à ses deux extrémités, elle reste un lieu de promenade appréciée, surtout grâce aux chemins de halage qui ont été préservés. Notons aussi à l'entrée est de la ville, la zone humide dite " les étangs Monnier ". Ces étangs artificiels creusés à la fin du XIXe siècle par le philanthrope Dr Monnier alimentés à l'époque par la Sambre, sont enchâssés dans une partie des remparts dans une zone non urbanisée. Elle est devenue le " paradis " des pêcheurs, et un lieu de promenade et de pique-nique incontournable...
Enfin à l'entrée du quartier de Sous-le-Bois le parc de 3 ha récemment rénové : le parc du Tilleul. Tilleul, qui ne s'applique pas directement à l'arbre, mais qui était le nom de l'usine située en face et dont la spécialité était la construction de wagons de chemin de fer de luxe. Ce parc était en fait l'ancienne propriété du directeur de l'usine...
Une ville chargée d'histoire
Heureusement, malgré les destructions qu'a eu à subir Maubeuge, il existe encore de nombreuses traces de son passé.
Je ne reviendrai pas sur les remparts, bien que ce soit ici l'occasion de citer le fleuron de ceux-ci, à savoir la porte située au nord : La Porte de Mons. Ayant longtemps abrité le commissariat de police, celle-ci a été transformée en salle d'exposition, et abrite l'office de tourisme. Une fois passée cette porte, on peut également visiter la maison dite " du corps de garde ", et qui contient un musée géré par l'association " Renaissance Vauban ", mentionnée plus haut.
À l'est du centre-ville, on trouve la partie qui a été épargnée en mai 1940. Voir "Destruction de Maubeuge en mai 1940 " si cela n'a pas été fait. Bien qu'il ai eu à subir de gros dégâts, subsistent encore une partie du Chapitre des Chanoinesses datant du XVIIe siècle, ainsi qu'une chapelle, dite des " Sœurs Noires ".
En remontant une des rares rues épargnées, la rue de la croix, il est possible de voir le " béguinage des Cantuaines " qui au XVIe siècle était destiné à recevoir des personnes âgées indigentes. Un peu plus loin se dresse un ancien manège du XIXe siècle, aujourd'hui transformé en théâtre. À l'entrée de cette rue subsiste également une ancienne caserne militaire du XVIIe siècle : " La Caserne de l'Arsenal ". Cette caserne est demeurée en activité jusqu'à la chute de Maubeuge en 1940. Aujourd'hui elle accueille la bibliothèque municipale, et des locaux mis à la disposition d'associations.
Toujours du XVIIe siècle, reste au centre de la ville, un pâté de bâtiments miraculeusement épargnés consistant en un ancien collège de jésuites et la chapelle y attenant. Déchristianisée au moment de la révolution, elle avait été baptisée " salle Sthrau " en l'honneur du petit tambour qui serait à l'origine de la victoire de Wattignies (voir plus haut).
L'intérieur de celle-ci avait été complètement détruit en 1914. Dès la fin de la guerre, la municipalité d'alors avait pris la décision de la transformer en salle de bal et de spectacle. Le père de l'architecte Lafitte (cité plus bas) en avait assuré la restauration, et ce dans le plus pur style " Art déco ". Ceci lui a valu d'être inscrite à l'inventaire des monuments historiques en 1997.
Dès 2014, lors de son arrivée au fauteuil majoral, Arnaud Decagny avait exprimé le très fort vœu de continuer la restauration commencée entre 1995 et 2001 par son père.
Un chantier titanesque a été mené pour arriver à une restauration complète intérieure et extérieure.
C'est devenu désormais un joyau de notre ville.
Je terminerai par le Moulin Tablette, qui se trouve un peu à l'extérieur du centre-ville. Construit dans les dernières années du XVIIIe siècle, il est resté en activité jusqu'en 1882, date à laquelle le dernier meunier surnommé... Tablette, en fait don à la ville de Maubeuge. Celle-ci va d'ailleurs s'en désintéresser complètement, et les décennies qui suivent voient son démantèlement progressif et inexorable. En 1993 un projet immobilier de logements sociaux le jugeant gênant, il est décidé de le détruire. Heureusement, un groupe de passionnés se mobilise, et au cours des années suivantes vont mener à bien sa restauration réalisée en partie par des Compagnons Du Tour De France. Il est inauguré le jour de mon anniversaire, le 15 septembre 2000.
Malheureusement, il a été découvert récemment que celui-ci était attaqué par un champignon. De nouveau les énergies se mobilisent pour le sauver...
Un urbanisme à visage humain
Maubeuge, à part le quartier sud-est, dit des " provinces françaises " se caractérise par une quasi-absence de grands ensembles de logements " de masse ".
Le tissu urbain s'étend très loin du centre-ville dans de nombreux quartiers constitués en majorité de logements individuels.
C'est une caractéristique qui faisait dire à l'ancien maire le Dr Pierre Forest : " Maubeuge n'est pas une ville, c'est une fédération de quartiers... ".
Ici aussi, je ne peux que vous renvoyer à la carte du site officiel de la ville de Maubeuge :
http://www.ville-maubeuge.fr/index.php/quartiers
Il n'est évidemment pas question que je passe en revue les 10 quartiers ne faisant pas partie du centre-ville.
Par contre, je vais m'arrêter un peu plus longtemps sur le quartier où je vis.
Le quartier de «Sous-le-Bois» (d'zou-le-bo)
Ici aussi, je pense qu'il est inutile de surcharger mes pages avec une redite de ce qui est présent sur le site officiel de la ville de Maubeuge :
http://www.ville-maubeuge.fr/index.php/quartiers/quartier-sous-le-bois/quartier-sous-le-bois-histoire
Autre petite anecdote : de par son histoire à l'origine " rurale ", le surnom des habitants de Sous-le-Bois a été longtemps : " les Pacants ", qui doit trouver son origine dans le verbe paître. Les habitants du centre-ville étant eux appelés les " Maquets "...
Je voudrais donc juste apporter quelques précisions sur la structure urbaine de ce quartier.
Ainsi qu'il est indiqué sur le site de la ville de Maubeuge, ce quartier a été créé de toutes pièces à partir des années 1830. C'est ce qui explique aujourd'hui son maillage de rue pratiquement toutes perpendiculaires (voir la photo ci-dessus).
Bien qu'il ait été, et qu'il demeure un quartier populaire, il reste cependant tout à fait agréable dans la mesure où il n'y a pas à proprement parler de " corons ". Certes, il s'agit d'un type d'habitat aux maisons complètement mitoyennes de chaque côté, mais à de très rares exceptions, différentes les unes des autres.
D'autre part, ce que nous appelons aujourd'hui le " paternalisme " patronal du XIXe siècle a fait que, contrairement aux structures d'habitat minier, il n'y avait pas de séparation, voire de " ghettoïsation " par classe sociale. Ceci fait que dans le quartier de Sous-le-Bois, à côté d'un ensemble de maisons ouvrières, il n'est pas rare de voir ce qu'on appelle pompeusement " un château ", qui n'est en fait qu'une grosse maison bourgeoise appartenant aux patrons ou aux ingénieurs. (C'est le cas de la maison où nous vivons aujourd'hui - voir photo -). Sous-le-Bois se caractérisait donc par un regroupement d'habitat " économique " (autour de l'entreprise), plus que social. Ce type de tissu urbain est à comparer avec son opposé dans les villes à vocation textile (Fourmies, Roubaix) ou les différentes demeures ne se mélangeaient pas...
Cette caractéristique est peut-être moins vraie pour le quartier " Saint-Lazare " à l'extrême sud, où l'avenue de Ferrière est célèbre pour ses maisons très cossues. Mais ici aussi, les différences sont moins marquées qu'il n'y paraît, car cette avenue s'appuie en partie sur un type d'habitat plus populaire. De même, historiquement on se rend compte que ses maisons ont été construites par une bourgeoisie issue des métiers du commerce ou de ce que l'on appelle maintenant du secteur tertiaire (médecins, avocats, hauts fonctionnaires, etc.).
DES RAISONS DE FUIR CETTE VILLE
Maintenant, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit...
Je sais que ceci va être sujet à polémique, mais la vie à Maubeuge présente quelques inconvénients qui font que, malgré tout l'amour que je lui voue, je songerais moi-même à la quitter si j'en avais la possibilité...
Une architecture du centre-ville particulièrement laide
Je sens déjà que ce titre de chapitre va déjà me valoir une " volée de bois vert ".
Mais je serais d'autant plus serein que je ne suis, hélas, pas le seul à le dire. Ainsi je lisais dans le quotidien La Voix du Nord, l'avis d'un industriel bien connu du bavaisis spécialisé dans la pierre (la vraie !) : « Ça manque d'âme, c'est moche. C'était l'apogée du béton. Avant-guerre, Maubeuge, c'était un peu comme Mons. Mais ça a été mal reconstruit. »
Lorsque vous rencontrez un nouvel arrivant Maubeuge, c'est généralement son cri du cœur. Dans les cas les plus favorables, il s'agit de " Mon Dieu, quelle drôle d'architecture ! ". Pour éviter d'alimenter une éventuelle polémique, je vous épargnerai les commentaires les plus virulents...
Comme illustration, la photo ci-contre montre une vue d'ensemble du centre-ville.
À gauche, la partie d'un des rares pâtés de maisons épargnées, au centre les nouveaux immeubles sans toit, en béton et parfois en briques (heureusement !). À droite le hangar que vous apercevez c'est l'église (voir plus bas)...
Personnellement, je suis complètement ignorant des tenants et aboutissants qui ont conduit le ministère de la construction à la fin des années 40 à choisir Monsieur André Lurçat comme architecte officiel de la construction de Maubeuge.
Certes, certes nous avons eu droit à un membre fondateur des CIAM (Congrès Internationaux d'Architecture Moderne) avec, entre autres, Charles-Edouard Jeanneret dit Le Corbusier, mais ce qui était demandé à cet architecte était de reconstruire la ville, pas en faire un terrain d'expérimentation grandeur nature, ni un futur musée à l'échelle d'une ville...
Ici aussi, une illustration vaut mieux que les mots. Les trois photos ci-dessous montrent la même rue avant 1940, après .la reconstruction et aujourd'hui. Ceci se passe de commentaire...
Naturellement, il était hors de question de reconstruire à l'identique, mais de là à remplacer ses maisons typiques du Nord par des blocs de béton plus à leur place dans un pays méditerranéen qu'en pays de Thiérache.
De plus ce que n'avait pas prévu Messieurs Lurçat et Lafitte, c'est que le béton vieillit, et que les toits en terrasse ne sont pas trop adaptés à nos contrées...
Sur ce point l'argument "massue" des autorités, face à cette remarque déjà soulevée à l'époque, a été de dire que l'argent économisé par la non construction des toits permettrait de financer d'autres logements... En fait un simple "report" du problème, car les propriétaires de pratiquement 90 % des immeubles ont dû engager des frais importants (et nous savons de quoi nous parlons) pour assurer la réfection de l'étanchéité des terrasses...
Comme on le voit sur la troisième photo, une couche de peinture a heureusement adouci cette architecture.
Si certains immeubles, à taille plutôt réduite " passent " encore, et servent encore aujourd'hui d'alibi, d'autres restent resteront, à mon avis d'irrémédiables verrues comme le montrent les autres photos. En regardant cet immeuble dénommé (non sans un certain humour au second degré) " Le Building ", n'allez pas imaginer qu'il s'agisse d'une barre de logements sociaux " au rabais ". Non, à l'intérieur il s'agit d'appartements de qualité, valant encore assez cher.
Même l'église n'a pas été épargnée
Celle-ci, achevée en 1958, remplace celle qui se trouvait alors place Jean Mabuse.
D'accord, celle-ci n'était pas un modèle d'architecture, et était tout compte fait assez laide.
Depuis 1905 celle-ci appartenait à la municipalité qui s'est donc chargé de la reconstruction. Au point de vue architectural, la nouvelle " mouture " n'a rien à envier à la précédente...
Cette reconstruction a été confiée aux deux architectes mentionnés ci-dessus.
N'y voyez aucune discrimination religieuse de ma part, mais il est étrange de constater que cet édifice religieux catholique a été reconstruit par un marxiste pur et dur, M. Lurçat, et par le représentant d'une très vieille famille protestante, M. Lafitte...
La maîtrise d'œuvre ayant été confiée à M. Lurçat, celui-ci conformément à ses idées politiques, avait décrété que d'ici quelques décennies, la France ayant sans doute basculé vers le " grand soir ", il n'y aurait plus de religion dans notre pays. Fort de ce postulat, et ayant carte blanche des autorités de tutelle, il a conçu cet édifice comme étant facilement transformable en " maison de la culture du peuple ". (En particulier par l'absence de vitraux remplacés par des pavés de verre blancs ou colorés)
Effectivement, 10 ans après sa consécration, l'église a été fermée... Non pas, parce que le communisme triomphant avait réussi à récupérer ce hangar de béton glauque, mais tout simplement parce que la construction ayant été d'une telle qualité, elle a été interdite au public pendant près de deux ans afin de consolider le plafond qui menaçait de s'effondrer à cause des multiples infiltrations dont il était l'objet.
Début 2014 l'édifice est à nouveau fermé au culte pour travaux…
Notons cependant ce qui vient " adoucir " la laideur générale de ce bâtiment, à savoir les mosaïques qui décorent la façade et l'intérieur de l'église. Paradoxalement, celles-ci sont signées Lurçat... Non pas l'architecte, mais son frère Jean, le mosaïste de renom. Celle de la façade est particulièrement réussie. À dominante de bleu et d'or, celle-ci présente les symboles attachés aux deux saints patrons de l'église, Pierre et Paul. À noter sur l'un des autels des chapelles adjacentes (transept droit), une mosaïque présentant l'activité économique de la vie de Maubeuge (sidérurgie).
Vous l'avez donc bien compris : le témoignage du passé maubeugeois se résume aujourd'hui à quelques îlots disséminés principalement dans la partie est et nord-est.
Dans ces conditions, il est plus que regrettable, je dirais même qu'il est scandaleux que les anciennes autorités maubeugeoises aient procédé à la destruction d'un des témoignages remarquables de l'architecture d'avant-guerre.
Afin de permettre le passage d'une voie réservée aux bus, dont par ailleurs l'utilité me paraît toute relative, on a détruit une partie d'un immeuble style " Art Déco " construit dans les années 20 en remplacement d'un immeuble détruit par les Allemands en 1918. Certes cet immeuble était quelque peu vieillissant, mais aurait pu être facilement restauré. Au rez-de-chaussée subsistait en particulier une ancienne boulangerie remarquable par ses fers forgés et ses mosaïques intérieures. Il s'agissait de l'ancienne maison " Pain " (cela ne s'invente pas !...) toujours occupée par un boulanger maubeugeois, et comme conséquence a " fermé boutique ".
Par contre, l'on n'a pas hésité une seule seconde à détourner le tracé de la voie en question dont le but d'épargner " la maison de l'éclusier ". Il s'agit d'un blockhaus parallélépipédique, sans aucune originalité architecturale, si ce n'est avoir été " pondu " par le fameux Lurçat... Choix à mon avis plus politique que culturel...
Le bâtiment est désormais vide…
Je viens de me rendre compte que j'ai commis un oubli impardonnable, dans la mesure où je n'ai pris aucune photo de cet immeuble avant sa destruction.
Si quelqu'un peut éventuellement m'en céder une, il serait le bienvenu !
Une ville morte
Ainsi que je l'ai dit, le début des années 70 marque le déclin de l'âge d'or industriel de la ville. La sidérurgie émigre rapidement sur la côte (Dunkerque), en laissant Maubeuge exsangue. Malgré une tentative désespérée de sauvetage, caractérisée par l'implantation dans la commune voisine de Louvroil de hauts-fourneaux les plus modernes d'Europe, le naufrage est total, et ceux-ci seront dynamités avant même que d'être rentabilisés.
De plus, l'indétrônable Pierre Forest, ne semble pas prendre toute la mesure de ce " cataclysme ", et les mesures de reconversion ne seront qu'un emplâtre sur une jambe de bois... Dès lors la ville s'enfonce dans un marasme économique que rien ne viendra enrayer...
À titre d'illustration, ci-joint un graphique reprenant le taux de chômage national, régional, et local jusqu'à 2005... Édifiant...
Comment dans ces conditions s'étonner qu'un samedi soir à partir de 9 heures, la ville soit aussi animée que le cimetière municipal à pareille heure...
Le seul endroit où on peut encore trouver quelques courageux de sortie, est le nouveau complexe cinématographique installé à proximité de la gare... Ce projet initié et défendu par l'ancien député-maire de la ville, Jean-Claude Decagny, ne semble malheureusement pas répondre à l'espoir qui avait été fondé sur lui. À part les salles de cinéma, rien n'incitant les gens à prolonger leur soirée, une fois les séances terminées, c'est le black-out qui s'installe comme sur les autres endroits de la ville...
Seul moment de l'année où la ville trouve un semblant d'animation, c'est au mois de juin. Il y a une quinzaine d'années, sous l'impulsion de Didier Fusillier, apparaissent les " Inattendus de Juillet ". Nés de l'idée très intéressante de cet animateur culturel, de " spectacle vivant " auquel le spectateur est également acteur, cette manifestation originale voit un succès non seulement local, mais également national. Hélas, celui-ci causera la perte indirecte de cette manifestation. Son promoteur, y verra l'opportunité d'une carrière extra-maubeugeoise, et en plus de son poste de directeur du nouveau théâtre du Manège, se verra proposer la direction de la maison de la culture de Créteil. En vertu du vieux principe, il ne faut pas courir deux lièvres à la fois, les " Inattendus de Juillet ", qui deviendront les " Folies ", migreront tout doucement vers le spectacle " de création et de prestige ", où la part de participation populaire a fini par s'éteindre...
C'est toujours ce même Didier Fusillier, qui outre son poste à Créteil continue de diriger le Théâtre du Manège, désormais associé à son voisin de Mons, tout en continuant d'être la cheville ouvrière des grandes manifestations culturelles de Lille (capitale européenne de la culture, Lille 3000).... Certes, ceci permet à Maubeuge de recevoir des sommités dans le monde du spectacle, du théâtre, de la chanson, de la danse, etc,. et tout cela est très bien, mais personnellement je considère cela comme réservé à une certaine élite. Élite intellectuelle tout d'abord, car beaucoup des spectacles présentés par ne s'adressent nullement, au " commun des mortels ". Voir le programme. De plus, le système des abonnements, fait que pour les spectacles plus " grand public ", l'attribution des places se fait en priorité à ceux qui peuvent se payer un abonnement (cette saison pour la modique et très "démocratique" somme de 150 € par abonné..), les autres devant se contenter de la portion " congrue ", voire inexistante. J'ai ce souvenir particulièrement " cuisant " de la venue de l'orchestre baroque " Europe Galante " dirigé par Fabio Bondi, venu jouer " Les Quatre Saisons " de Vivaldi. (Voir ma page consacrée à ce compositeur). Non abonné je me suis vu irrémédiablement refuser l'attribution d'un billet. Ce n'est qu'en jouant des coudes et des mains, en particulier auprès de communes voisines de Maubeuge, que j'ai réussi à avoir trois entrées. L'analyse de la salle lors du concert était édifiante : un aréopage de " personnalités " de tout crin, maubeugeoises ou extra maubeugeoises... J'ai été étonné, et ravi également, de voir un tel enthousiasme chez toutes ces personnes pour Vivaldi et Fabio Bondi...
Même la vie quotidienne n'est pas épargnée par cette " anémie "... Depuis maintenant une dizaine d'années on voit disparaître les uns après les autres les commerces traditionnels et anciens de Maubeuge. Les locaux servent alors à accueillir souvent une banque, ou un opticien...
C'est ainsi que sur la dernière mandature de M. Pauvros, Maubeuge a vu disparaître un boulanger pourtant installé depuis plusieurs générations, ceci étant motivé par la destruction de son laboratoire (voir plus haut), ainsi qu'un excellent charcutier traiteur, installé depuis plus de 50 ans. Le motif de cette fermeture étant l'impossibilité pour ce commerçant de trouver un successeur. Une personne avait pourtant émis ce projet, malheureusement refusé pour des questions de financement. Le local de la charcuterie est désormais un centre de réinsertion sociale, pompeusement dénommée " Maison de la famille "...
Je sais qu'il est facile de dire : " il n'y a qu'à ", mais je connais des tas d'exemples où la municipalité en place a créé une société d'économie mixte destinée à épauler financièrement le ou les futurs repreneurs. Rien de tout ceci chez nous...
Une ville fortement imposée
Alors que jusqu'à cette date, la ville de Maubeuge avait été gérée par ses différents édiles, en " bons pères de famille " (ce qui leur a souvent été reproché), depuis sa première élection en mars 2001, le maire sortant a été pris d'une frénésie de dépenses.
Qu'on en juge :
- remplacement de tous les carrefours " à feux tricolores " par des giratoires.
- réfection complète de trois places : la place Vauban en face de la porte de Mons (voir plus haut), place de la gare, place de l'industrie à Sous-le-Bois...
Parlons maintenant des résultats. Certes, je ne disconviendrais pas que la circulation soit devenue plus fluide. Mais quelle dépense pour gagner quelques minutes à un feu...
Quant aux places, oui la place Vauban présente un certain degré de réussite, mais à quel prix ? On est passé d'un projet initial avec un financement de 20 % à la charge de la ville, 80 % de financements extérieurs à une charge finale complètement inversée. C'est en effet 80 % qui sont restés à la charge de la ville…
La place de la gare, n'avait aucune utilité. Les inconvénients qu'elle présente aujourd'hui sont plus nombreux que ceux de l'ancienne place. Quant aux arguments d'esthétisme, je les réfute totalement pour un quartier tout compte fait assez excentré, et que chacun imagine aisément autour d'une gare...
Pour la place de l'industrie, qui me concerne particulièrement en tant qu'habitant de ce quartier de Sous-le-Bois, ma décision est sans appel : il s'agit d'un ratage total et particulièrement moche (regardez ces magnifiques tôles rouillées censées nous rappeler l'histoire sidérurgique de Maubeuge). Quand je pense qu'on a abattu une dizaine de magnifiques marronniers pour faire ça...
Je ne suis (heureusement !) pas le seul à le dire, telle cette réaction d'un habitant du quartier, parue à l'époque dans la presse locale: « Monsieur le Maire, est-ce que vous pourriez, s'il vous plaît, faire diminuer la tristesse de la place de Sous-le-Bois ? »
En conclusion...
Nous voici arrivés à la fin de notre propos.
Je sais qu'il y aurait encore eu beaucoup de choses à dire. Dans les points positifs, j'aurais pu par exemple vous parler de l'accueil des gens du Nord, dont la réputation, croyez-moi, n'est pas usurpée. Je peux vous assurer qu'il n'est nul besoin d'attendre 10 ans avant que l'on daigne vous dire bonjour... Vous n'êtes pas « l'étranger » ainsi que je l'ai si souvent entendu dire à l'endroit où je termine cette page de blog...
Dans les « passables », j'aurais pu également pointer la qualité des infrastructures routières qui permettent d'atteindre Maubeuge. Ainsi, Paris, Lille, la Belgique et l'Allemagne sont à portée d'autoroutes...
Par contre, j'aurais pu souligner l'abandon systématique de notre région par les technocrates de la SNCF... Les lignes historiques Paris - Bruxelles Pays-Bas, ou Paris - Berlin - Moscou passant par Maubeuge ont été sacrifiés au profit de la liaison TGV passant par Lille... Si ce n'était la pugnacité de certains usagers, nous aurions perdu depuis longtemps les deux ou trois liaisons directes Maubeuge - Paris. Quant à la liaison « TERGV » (Transport Express Régional Grande Vitesse) vers Lille, il semble qu'elle s'achemine tout doucement vers les oubliettes...
Vous le voyez encore beaucoup de choses à dire, mais qui éventuellement pourraient faire l'objet d'un débat sur notre forum...
Alors, tout compte fait êtes-vous prêts à nous rejoindre si l'occasion s'en présente ? Suis-je prêt moi-même à la quitter ?
Seuls vous, êtes capables de répondre à la première question. En ce qui me concerne, il n'est pas question pour moi pour le moment de quitter une ville qui m'a vu grandir, et où je possède énormément de points d'attache sentimentaux... Mais, d'ici quelques années, si Dieu me prête vie, quand l'heure de la retraite aura sonné, je ne dis pas... Qui vivra verra...
La Croix-Valmer (Var) (!), fin août 2009- réactualisé avril 2014.
Bibliographie
En ce qui concerne l'aspect « historique » de cette page, n'ayant pas la science infuse, ce que j'ai rapporté je l'ai beaucoup appris de passionnés d'histoire locale.
Je voudrais donc citer certains historiens locaux qui sont absolument à lire si vous voulez en savoir plus.
En particulier :
- Jack Guillemin et Jean-Claude Decamps qui ont publié aux éditions « Renaissance Vauban » de nombreux ouvrages en particulier « Vivre à Maubeuge »,
- E. Cordelier-Duchesnes et le Cdt Roger Lemaire : « Mon capitaine la 102e ne répond plus », également aux éditions « Renaissance Vauban »
- Jean Glad, et son ouvrage de référence : « Maubeuge, place de guerre (1678-1945): Sa zone d'influence » chez Publibook
Enfin une mention particulière à Michel Fontaine (†)pour ses remarquables opuscules présentant sa collection de cartes postales et de photos anciennes de la ville de Maubeuge. Je recommande plus particulièrement son ouvrage « Maubeuge 1939 - 1940 », qui outre son aspect iconographique présente de nombreux témoignages de maubeugeois ayant vécu l'invasion et la destruction de notre ville.
Sources iconographiques
En ce qui concerne l'iconographie, je répète ce que j'ai dit au début de mon propos, à savoir que la plupart des photos de cette page m'appartiennent, mais que j'en cède très volontiers la libre utilisation (certaines sont d'ailleurs maintenant sur « wiki commons »). Les autres mentionnent leur source.
Pour certaines malheureusement, que j'ai dans mon fonds depuis un certain temps, je suis incapable de citer leur origine. Si leurs détenteurs, ou ayant-droit, les reconnaissent, qu'ils n'hésitent pas à me contacter afin de « rendre à César ce qui appartient à César »...
J'en profite pour signaler le business « éhonté » de certains sites qui n'hésitent pas à vous vendre le fichier numérique de certaines cartes postales pourtant dans le domaine public (c'est-à-dire plus de 70 ans) à des prix prohibitifs. À 10 € le fichier, je me suis donc abstenu pour la plupart de vous les proposer en « grand format ». Dans la mesure où il m'a été permis de supprimer le filigrane de ces sites (agissant ainsi en véritable détenteur des droits, en toute illégalité !), je vous les ai proposées en format « vignette ».